Edito Tribune d'expression

Le futur est déja là

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

Si certains la voient comme une figure conservatrice du patronat, un grand nombre d’entre nous salue son engagement sincère en faveur d’une économie plus libre et plus dynamique. Admirez ou critiquez , Sophie de Menthon ne laisse pas indifférent, et c’est sans doute sa force. Nous aimons son refus de langue de bois, pour imposer envers et contre tout, une vrai passion et une confiance  pour l’entreprise, et les entrepreneurs en France. Enfin avec son franc parler, elle bouscule les mauvaises certitudes et aime à bousculer des positions tranchées. Présidente du mouvement patronal ETHIC, elle défend un capitalisme responsable, ou l’audace et le courage entrepreneuriales ne doivent pas être bridées par trop de réglementation? Son combat comme le notre valoriser le travail, favoriser la méritocratie, et avec son slogan “j’aime ma boite” réhabiliter l’image du patron français. A notre demande, nous remercions sincèrement Sophie de Menthon pour sa tribune.

Rédigée par Sophie de Menthon : ” La vision des Français concernant le rôle des chefs d’entreprise dans la politique économique du pays. Un sondage sur un échantillon de plus de mille personnes, représentatif de la population française de 18 ans et plus, fait ressortir que deux-tiers des Français feraient confiance aux diagnostics et préconisations des chefs d’entreprise en matière de décisions économiques… et un tiers non !  Avec seulement 15% d’indécis.

Cette réponse est doublement intéressante, en ce qu’elle souligne d’abord que les chefs d’entreprise sont une des rares catégories sociales (avec les maires) en qui une grande majorité des Français ont confiance. Peut-être est-ce que les Français savent qu’ils sont sur le terrain, ne se payent pas de mots, et savent décider pour le bien de leurs entreprises et des communautés humaines qu’elles représentent.

Mais il y a aussi un tiers des Français qui ne leur font « plutôt pas » ou « pas du tout » confiance : on retrouve la bipolarisation qui traverse la société française, et d’une certaine façon les autres démocraties occidentales. Cela ne laisse que peu ou pas d’espace aux centristes nuancés, ce phénomène est inquiétant car il oppose deux blocs. On s’aperçoit que ceux qui sont les plus sceptiques sont bien naturellement les jeunes de 18 / 24 ans, car si les chefs d’entreprise sont dans le réel, les jeunes sont dans les positions idéologiques. Rien de neuf !

Ceux qui sont également le plus loin de la confrontation à la vie réelle économique sont des travailleurs du secteur public. En Fait, les deux-tiers des Français ont confiance dans les préconisations émises par les chefs d’entreprise…

Mais tout n’est pas si simple, car selon le sondage ETHIC/OPINIONWAY, si l’on fait confiance à la « parole politique » des chefs d’entreprise, presque deux-tiers des Français sont dubitatifs quant à leur capacité à obtenir une simplification des démarches administratives. Très inquiétant car c’est la confiance dans la réforme du pays qui manque, pour presque la moitié des Français, personne n’est en mesure – et encore moins les fonctionnaires et les politiques – d’arrêter la machine folle des exigences des administrations.

Ce scepticisme est assez partagé entre les classes d’âges et les sexes, avec tout de même un niveau de confiance plus élevé des CSP + (c’est-à-dire des cadres supérieurs) travaillant dans les grands groupes. Ceci sont plus confiants dans la capacité des chefs d’entreprise à peser sur cette exigence de changement.

Curieux que ce soit les employés du public qui soient les plus sceptiques quant à la capacité à obtenir une simplification des règles et démarches administratives ; ce sont les mieux placés pour connaître les dédales de la construction administrative !

Quelles seraient donc les personnalités politiques les plus aptes à réformer le pays ? Lorsqu’on pose la question le découragement s’amplifie : très faible crédibilité des leaders politiques. Certes Marine Le Pen arrive en tête avec 17% lorsqu’on demande ceux qui seraient le plus capable de créer un environnement économique favorable aux entreprises (moins d’un cinquième des Français) d’autant que cette confiance vient des salariés les plus modestes. Cela ne vaut pas reconnaissance de sa compétence réelle, mais plutôt de sa capacité à incarner les demandes de ces populations. Quant aux autres personnalités politiques, y compris Edouard Philippe à 14%, ils n’obtiennent pas de résultats valant confiance ou adhésion. C’est encore davantage confirmé par le fait que 40% des sondés ne voient aucune personnalité politique en qui ils ont confiance pour mener une politique économique favorable au développement du pays.

Enfin, on demande aux Français s’ils perçoivent la France comme un pays libéral ? Pour autant qu’ils mettent le même sens derrière ce qualificatif, et qu’ils se prononcent (un cinquième d’entre eux ne comprennent pas le sens du mot libéral), on note une fracture très forte : les plus éloignés de l’emploi en entreprise considèrent que le pays est libéral, les autres, salariés du privé, particulièrement ceux travaillant dans les grands groupes estiment que le pays n’est pas économiquement libéral…

Il faut retenir trois enseignements majeurs :

  • Deux-tiers des Français font de loin beaucoup plus confiance à la parole économique des chefs d’entreprise qu’à celle des politiques. 50% des Français dénient toute compétence économique aux politiques au point de ne pouvoir en citer un seul, selon eux, capable, en qui ils auraient confiance.
  • Les Français sont si fatalistes et découragés devant la complexité administrative qu’ils ne voient personne, à commencer par les fonctionnaires, pouvant en arrêter la course.
  • On retrouve cependant, en analysant finement les réponses selon les âges, sexes et catégories professionnelles, la fracture frontale qui sépare les Français aujourd’hui. Deux-tiers sont dans le réel et font confiance à ceux qui en portent la parole : les chefs d’entreprise. Les autres sont perdus et ne croient plus en grand-chose, si ce n’est éventuellement en des paroles messianiques telles que celles des extrêmes.

Cela laisse donc apparaître qu’il y a deux-tiers des Français qui pourraient se retrouver sur des analyses et des programmes communs, tels que ceux portés par les chefs d’entreprise… et d’élus qui tiendraient compte de leurs propositions en matière économique.

Une leçon à méditer pour tous les politiques qui semblent totalement indifférents au bon sens revendiqué par les électeurs!

Sophie de Menthon, Présidente d’ETHIC, sondage réalisé par Opinion way