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Tribune du 4 novembre 2025 : la parole à Aurore Durif, artisane céramiste

Novembre, l’automne nous invite à nous tourner vers notre intérieur. Oui certes un peu gris, mais chaque matin cache une lumière discrète à savourer. Les feuilles tombent avec douceur sur le sol, nous rappelant la beauté des saisons.

Cette semaine, la parole à Aurore Durif


Merci de vous présenter

Je m’appelle Aurore et suis l’artisane créatrice derrière Terre d’Aur. Mon atelier – boutique est mon sanctuaire, où je façonne des pièces uniques en céramique, principalement dédiées à l’art de la table et à la décoration. Mon approche vise à allier la beauté brute et intemporelle de la terre à une fonctionnalité quotidienne, pour des objets qui racontent une histoire et invitent à la contemplation. Mes formes se veulent douces et modernes, les couleurs, que je crée et allie ensemble, harmonieuses, pour que chaque jour soit un délice pour vos yeux.

Racontez-nous votre passion, qu’est-ce qui vous a donné envie de créer votre entreprise ?

La céramique est arrivée dans ma vie comme une évidence, une nécessité de reconnecter mes mains à la matière et mon esprit à un rythme plus lent, celui de la terre qui prend son temps pour sécher, se transformer, se révéler au feu. L’envie de créer Terre d’Aur est née du désir profond de partager cette alchimie. Créer mon entreprise, c’était transformer cette passion solitaire en un projet de vie, offrant aux autres la possibilité d’intégrer dans leur quotidien des objets dotés d’une âme, loin de la production de masse. C’est l’appel de l’authenticité qui m’a guidée vers l’entrepreneuriat.

Votre principale qualité

L’exigence bienveillante. Exigence envers la matière et mon travail pour garantir la qualité et la beauté de chaque pièce unique, mais bienveillante envers le processus de création, en acceptant l’imperfection et en valorisant le geste humain qui fait toute la richesse de l’artisanat.

Votre rêve le plus fou

Mon rêve le plus fou serait de voyager à travers le monde, rencontrer différents peuples, artistes, créateurs, céramistes pour partager, m’inspirer, apprendre, me former à d’autres techniques, expérimenter. Il y a encore tellement de savoirs à connaître !

Votre coup de cœur

J’en ai 2… Mon premier coup de cœur va aux petits commerçants et artisans qui, malgré la conjoncture très difficile, continuent de défendre avec passion le travail des créateurs locaux et le savoir-faire, parfois en ayant un mi-temps pour subvenir à leurs besoins. Ils sont les passeurs essentiels entre l’atelier et le public, les garants de techniques qui se perdent. Mon deuxième coup de cœur va à la CMA de Dordogne pour le suivi et les propositions qui nous sont régulièrement faites pour se faire connaître et être visible.

Votre coup de gueule

Mon coup de gueule porte sur la dévalorisation du travail manuel et du temps long qu’exige l’artisanat d’art. Le public, habitué au tout, tout de suite, doit être davantage éduqué sur la complexité du processus céramique (du pétrissage à la double cuisson) pour justifier un prix juste. La beauté a un coût, et il est souvent celui du temps passé et du risque maîtrisé. Lorsque l’on visite mon atelier j’explique les différentes étapes qui peuvent mettre jusqu’à 8 semaines à aboutir.

Quel a été votre plus grand défi

Mon plus grand défi a été, et reste, de trouver l’équilibre parfait entre l’artiste et l’entrepreneure. L’artiste a besoin de liberté créative et de temps ; l’entrepreneure doit gérer la production, les commandes, la communication, la comptabilité. Apprendre à sanctuariser le temps de la création tout en assurant la pérennité économique de Terre d’Aur est un apprentissage intense.

Comment avez-vous trouvé vos premiers clients ?

Mes premiers clients sont venus lors de mon inauguration à l’atelier. C’était crucial de pouvoir présenter mes pièces, d’expliquer le processus et de créer un lien direct avec les gens. J’ai ensuite rapidement investi dans une présence soignée sur les réseaux sociaux (Instagram, Facebook et maintenant LinkedIn), mais également en faisant moi-même mon site internet : terredaur.com, devenue une vitrine mondiale pour l’atelier et la boutique.

Vos trois mots préférés…

Terre, Feu, Patience

Qu’aimeriez-vous transmettre dans votre vie ?

J’aimerais transmettre l’idée que la beauté n’est pas un luxe, mais une nécessité. Transmettre le goût de l’objet simple, durable, qui a été pensé et fabriqué avec intention, avec coeur. Et surtout, transmettre le courage de vivre de sa passion, même si cela demande de la persévérance et de l’audace.

L’entrepreneuriat et les vies plurielles ?

L’entrepreneuriat est par définition une “vie plurielle”. En tant qu’artisane et femme, je suis à la fois designer, productrice, photographe, comptable, responsable marketing, maman et donc parent d’élève, épouse, responsable des extérieurs et des animaux, femme d’intérieur (mais heureusement avec un peu d’aides !) Cette multiplicité des rôles est épuisante, mais incroyablement enrichissante. Elle oblige à l’agilité et à l’apprentissage constant, et permet d’être alignée avec ses valeurs profondes. C’est un engagement total, qui demande de jongler sans cesse entre l’atelier, la vie personnelle et le développement de l’entreprise.

Quelles questions auriez-vous aimé que je vous pose ?

J’aurais aimé que vous me demandiez : “Quel rôle joue le “raté” ou l’imperfection dans votre processus créatif ?” En céramique, le raté est souvent une révélation. Il nous rappelle l’humilité face au processus et peut donner naissance à une pièce inattendue, unique, ou à un émail auquel je ne m’attendais pas. L’accepter, c’est accepter le caractère vivant et non maîtrisé de la terre.

Un mot pour Wimadame ?

Merci pour votre engagement à mettre en lumière les parcours audacieux et inspirants des femmes entrepreneures.


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