Coup de Cœur Évènements

Place aux jeunes, à l’amitié, au talent à l’audace

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

Merci à ma fille Estelle, d’avoir réservé ce voyage dans la beauté.Les musées sont encore plus doux quand on les traverse en famille.

A l’orangerie, ce matin, trop souvent oubliée, Berthe Weill, cette pionnière a ouvert la voie à un grand nombre d’artistes. Son courage son audace, peuvent  éclairer les jeunes aujourd’hui:

Berthe Weill, la lumière avant les autres… entreprendre au féminin

Elle n’a que 50 francs quand elle ouvre la porte de la galerie , un regard perçant et une intuition fulgurante. En 1901, dans un Paris qui s’ouvrait à la modernité, Berthe Weill décide de croire en l’art avant les autres. Sans fortune, sans nom illustre, mais avec une conviction ardente : ouvrir un chemin d’espoir aux jeunes artistes. Dans sa petite galerie du 25 rue Victor-Massé, elle fut la première à tendre la main à ceux que personne ne voulait exposer. Elle découvre Picasso, à peine âgé de vingt ans.

Elle croit en Matisse, Derain, Valadon, Utrillo, Dufy, Marquet, Van Dongen, Rouault, Modigliani.

Berthe weill vit dans leurs toiles ce que les autres refusaient encore d’admettre : le souffle d’un monde nouveau. Berthe Weill n’était pas une femme d’argent. Elle vendait pour survivre, souvent à perte, parfois pour nourrir un peintre affamé. Mais elle gagnait ce que l’argent ne donne jamais : le respect du regard visionnaire. Elle fut la première galeriste avant-gardiste, la première femme marchande d’art, et surtout, une femme libre dans un monde qui ne l’était pas. Juive, courageuse, seule dans la tourmente des années noires, elle ne fut ni dénoncée ni déportée — miracle discret d’une époque cruelle. Mais en 1940, pour échapper à la persécution, elle doit fermer sa galerie, éteindre cette lumière qu’elle avait allumée pour tant d’autres. Elle termine sa vie dans l’ombre, oubliée de beaucoup, mais présente dans chaque musée, dans chaque signature qu’elle avait révélée. Son héritage ne se mesure pas en toiles vendues, mais en vies révélées, en destins éveillés. Elle avait compris avant tout le monde que l’art n’est pas un luxe, c’est une respiration, une voie d’espérance, un cri de liberté.

Aux jeunes d’aujourd’hui, Berthe Weill adresse un message silencieux mais brûlant :

  • croyez en votre regard, même si personne ne le comprend encore.
  • Osez être en avance, osez être seul, osez être vrai.
  • Le monde finit toujours par rejoindre ceux qui ont eu le courage d’ouvrir le chemin.

Berthe Weill n’a jamais peint, mais elle a révélé des génies. Elle n’a jamais cessé de croire et d’espérer. Et c’est peut-être cela, le plus grand des chefs-d’œuvre.  Mais l’histoire ne s’arrête pas là, une fin aussi émouvante que méconnue.

Quand Berthe Weill ferma sa galerie, elle était ruinée. Après avoir soutenu toute sa vie les jeunes artistes, c’est elle qui se retrouva sans rien. Mais beaucoup de ceux qu’elle avait aidés, Picasso, Matisse, Utrillo, Suzanne Valadon, et d’autres, ne l’ont pas oubliée.

Dans un élan de reconnaissance, ils lui ont racheté des toiles, parfois offertes par elle dans leurs débuts, pour lui permettre de survivre dignement. Ce fut un geste de gratitude et d’amour silencieux, une façon de lui rendre un peu de ce qu’elle leur avait donné : la confiance, la visibilité, et la foi en leur talent.

Certes, Berthe Weill  mourut pauvre, mais entourée du respect de ceux qu’elle avait révélés. Sa ruine n’était pas un échec : c’était le prix de sa générosité absolue, celle d’une femme qui avait choisi la lumière des autres avant la sienne. 

Bon week end allez vite à l’orangerie dans ce lieu si merveilleux.