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Ou sont les hommes?

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

Pour certaines entreprises, l’égalité professionnelle passe aussi par une «masculinisation» des postes de travail.
Un congé paternité «obligatoire» ! En proposant de mettre cette idée à l’ordre du jour de l’agenda social du second semestre 2011, la patronne du Medef, Laurence Parisot, a jeté un pavé dans la mare. Un moyen de signifier que l’égalité homme-femme passe aussi par des actions concernant la population masculine. À travers une récente étude, l’Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) a d’ailleurs choisi cet angle original (1). Elle s’est intéressée aux actions visant à «masculiniser» des métiers fortement féminisés. «Contrairement à notre intuition, bon nombre d’accords étudiés évoquent l’accès des hommes aux emplois à prédominance féminine, commente l’Orse.

Plus de 40 accords parmi les 165 de notre échantillon abordent ce thème, soit environ  un     quart».Parmi les entreprises actives sur ce segment, BETC Euro RSCG, qui, pour attirer davantage d’hommes vers les métiers de la publicité et de la communication (féminisés à plus de 60 %), intervient dans les écoles de commerce.

Dans son accord signé en 2010, la Fnac Relais affiche, elle, un objectif chiffré : d’ici à 2013, les hommes devront représenter 25 % dans les services clients, contre 13 % actuellement. L’accord reconnaît cependant que l’atteinte de ces objectifs sera difficile «au regard des candidatures reçues»… Chez Aéroports de Paris (ADP), les accords de 2003 et 2007 se sont intéressés à la population d’agent commercial. Depuis, la proportion d’hommes a légèrement progressé et se situe à ce jour à 40 % (à l’inverse de l’ensemble de l’effectif d’ADP qui compte 60 % d’hommes). Pour attirer davantage d’hommes, l’entreprise s’est attelée à une promotion de ces métiers. Les possibilités d’évolution ont été clairement repensées, notamment vers le poste de coordinateur de groupe.

L’arrivée des hommes sur des métiers de femmes serait donc un levier dans l’évaluation des compétences et les possibilités de progression. Elle pourrait permettre de revaloriser certains métiers. «Ou bien les hommes, qui progressent systématiquement plus vite que les femmes, seront encore les gagnants ?», interroge Renaud Redien-Collot, directeur délégué de l’école Advancia et «sociologue du genre», une spécialité répandue aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne.

Poids des stéréotypes

Les ventes, le marketing, les RH, le juridique, la gestion des contrats, le métier d’infirmière (chez Air France)… Autant de métiers cités dans l’étude de l’Orse comme très féminisés. La palme revient sans doute à l’assistanat. «Un ‘assistant’, cela passe dans les secteurs de la communication, de la mode, de la création. C’est moins le cas dans l’industrie lourde. Avec le poids des stéréotypes, il y a même une notion d’inconvenance, comme si un homme se déguisait en femme», résume Renaud Redien-Collot.

«Tout reste à faire», conclut François Fatoux, délégué général de l’Orse, qui se félicite en tout cas d’avoir mis ce sujet sur la table.

(1) «La place des hommes dans les accords d’entreprise sur l’égalité professionnelle», mars 2011.

Source figaro.fr