Texte rédigé par Patrick Arnoux, rédacteur en chef du Nouvel économiste
Bien chère Communauté,
Plus décrié que jamais mais pourtant jamais si indispensable
Depuis Balzac – “Pour le journaliste, tout ce qui est probable est vrai.” – la confiance de l’opinion pour ces professionnels de la plume comme du micro est singulièrement en cause. Donc leur crédibilité.
Or si l’on en croit le dernier sondage « La Croix Kantar » révélant que 67% des Français estiment que « les journalistes ne sont pas indépendant des pressions des partis politique et du pouvoir. » cette défiance atteint actuellement des sommets. A ces anciens griefs – bien trop de connivence et de déférence envers les puissants, économiques ou politiques – s’ajoute un procès pour carence de compétences permettant d’analyser la complexité de l’actualité.
Plus grave, une foisonnante concurrence est venu depuis peu leur disputer le traitement et la diffusion des informations. Les réseaux sociaux transforment tous leurs utilisateurs sinon en « journalistes » du moins en émetteur d’infos et d’opinion. Avec un péril majeur : toutes les opinions se valent, celle de l’expert autant que celle d’un psychopathe aigri. Ces vastes amplificateurs du café du commerce planétaire favorisent la diffusion à foison de « fake news » tandis que le buzz joue un rôle majeur dans l’opinion.
Paradoxe : ce métier est en crise, comme les groupes de presse qui recrutent au compte-goutte tandis que des écoles – plus d’une trentaine – mettent des centaines de jeunes journalistes sur le marché. Et les candidats sont toujours plus nombreux. Ont-ils la vocation ? Un bien grand mot que l’on pourrait traduire par « feu sacré », tant se métier nécessite un engagement, une motivation robuste, une passion à la mesure des défis actuels.
Or, nombre d’écoles de journalistes ne filtrent pas les fondamentaux indispensables pour réussir dans ce métier. Ces prérequis rarement affichés : une vaste curiosité, tonique, large et permanente, une culture générale non moins vaste afin de disposer des indispensable référentiels permettant d’évaluer la pertinence d’une info. L’ouverture mais plus encore l’indépendance d’esprit, permettant de ne pas succomber aux pressions, tentations et autres séductions des différents pouvoirs (politiques, économiques, lobbys etc.) relève davantage de la fermeté du caractère qu’un zèle affirmé pour les études livresques. En effet, un tempérament non influençable fait partie, aussi, de la boite à outil indispensable pour réussir dans ce métier. Toutes qualités, psychologiques, humaines qui ne dépendent pas du déroulé des études. Aussi brillantes fussent elles.
La puissance de travail est également un must, mais elle est le plus souvent dopé par l’intérêt du dit travail. Enfin Pierre Lazzareff, l’un des hommes de presse les plus puissant du siècle dernier avait coutume de dire que pour ’un journaliste ne pas avoir de chance est une faute professionnelle grave. Façon de faire comprendre que l’audace, la prise de risque hors des zones de confort s’imposent à ces professionnels. Bien évidemment le passage dans une école – 14 sont reconnues par la profession sur 34 – permettra de s’approprier les techniques et savoir- faire que le numérique a singulièrement sophistiqué. Mais, on l’aura compris là n’est pas l’essentiel si l’on ne possède pas les qualités humaines et psychologiques évoquées plus haut.