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L’avenir des femmes dans le digital

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Ecrit par wimadame

Texte rédigé par Arabella Ignatieff

Durant mon passage au Hub Institute, une question est venue m’obséder pourquoi n’y avait-il quasiment pas en 2015 de femme Chief Digital Officer (CDO). A l’époque les plus visibles étaient Lubomira Rochet chez L’Oréal, Amélie Oudéa Castera chez Axa et Virginie Fauvel chez Allianz. J’ai essayé de comprendre ce qui pouvait être une barrière pour les femmes car je ne voyais pas ce qui empêchait les femmes d’exercer ce type de fonction. J’ai donc publié un livre « Danger : la fragmentation des marques face au multimédia » et décidé que peut-être ne pas uniquement voir l’aspect technologique de la transformation digital mais plutôt le facteur humain de la transformation digitale en utilisant l’angle de la « marque employeur » permettrait à plus de femme de parler de la transformation digitale. Afin de conforter mon hypothèse, j’ai contacté des femmes dans des agences de publicité en France et au Canada et je me suis rendue compte que j’avais raison les femmes ont des opinions intéressantes en ce qui concerne le digital et la transformation digitale. Mercedes Erra 1 explique que le digital demande aux individus d’être spécialisés mais qu’il est important de garder le sens car si l’on est uniquement dans l’aspect techniques on occulte l’essentiel ». Cette phrase m’a fait réfléchir et je pense que le rôle des femmes dans le digital est de veiller à garder le sens mais aussi à apporter une touche humaine au digital. En outre, comme le souligne Céline Lazorthes, fondatrice et dirigeante de Leetchi.com, “Il faut plus de femmes dans le numérique, car elles pensent les services et les besoins différemment”2. Un de leur principal atout selon elle est qu’elles ont tendance à se baser sur des manques de la vie quotidienne pour créer des produits /services alors que les hommes eux se basent plus sur des opportunités de marché. Il serait donc bon de développer une saine mixité dans le digital.

Pourquoi ?

Les chiffres sont là. D’après l’étude menée récemment “Women in the Digital Age”3, pour la Commission européenne, trois fois plus d’hommes que de femmes travaillent dans le numérique en Europe et la Silicon Valley.  Un livre ‘brotopia’ 4 explique ce phénomène dans la Silicon valley par une culture interne des géants de la technologie très misogyne. Ce qui est intéressant à cet égard est le fait que dans les années 60 les programmeuses étaient souvent des femmes et non des hommes. La profession s’est masculinisée vers la fin des années 60 suite à un rapport produit par deux psychologues : William Cannon and Dallis Perry.

De plus, les écoles d’ingénieurs informatiques ont du mal à recruter des filles car selon Maria Mercanti Guerin rédactrice du blog Beabilis (www.beabilis.com) peu d’entre elles « sont passionnées par l’informatique pour l’informatique. Elles veulent en voir l’utilité. Elles vont plutôt s’interroger sur le sens à donner à leur carrière mais aussi à leur vie personnelle. Malheureusement, l’informatique masque les aspects très variés des métiers liés au numérique. ». On remarque que l’école 42 (l’école créée entre-autre par Xavier Niel spécialisée dans la formation de codeurs) souhaite augmenter le nombre des femmes dans sa formation qui est de 15% pour l’instant. L’idée serait de rendre les formations moins axées sur la technologie mais peu être d’en montrer plus concrètement les usages et l’aspect humain.

Dans quels domaines sont-elles plus présentes ?

Souvent on les retrouve dans les domaines du digital où les aspects techniques sont moins présents c’est à dire la communication et le marketing digital, les cabinets de conseils en organisation, la création de start up. Dans les faits, elles sont présentes dans les aspects humains et créatif du digital comme la créatrice de start-up Morgane Sézalory qui a créé sa marque de vêtements Sézane. On remarque aussi que les femmes sont aussi très présente dans le domaine de l’UX Design.

Quels sont leurs atouts dans le domaine du digital ? Quel pourrait-être leur rôle ?

Comme le mentionne Maria Mercanti Guérin l’atout principal des femmes « c’est leur vision concrète du numérique » mais aussi leur capacité à allier le numérique à l’humain plutôt que de l’opposer. Elles ne viennent pas vers le digital pour son aspect technique mais pour son aspect pratique. En outre, elles ont des facilités de communication et une vision holistique qui leur permet de développer une vision plus transverse du travail et moins silotée que ce soit en terme de secteur d’activité ou de fonction (marketing, DSI, …..) ce qui favorise l’innovation mais aussi la collaboration qui sont les deux piliers du digital. C’est pour cette raison que l’on voit de plus en plus de femmes CDO. Pour elles ces postes en lien avec la transformation digitale sont de nouveaux tremplins pour atteindre devenir CEO. On peut aussi les imaginer dans l’IA

Comment les attirer vers le digital ?

C’est important de mieux initier les femmes au digital et ses métiers dès leur plus jeune âge avec des méthodes pédagogiques qui leur correspondent (expliquer l’usage du digital avant son aspect technique). Mettre en avant des femmes comme Lubomira Rochet (L’Oréal) qui est une des femmes CDO les plus visible. Dans les faits, ces pionnières sont de véritables inspirations pour les aspirantes digitales et participent ainsi à les attirer vers le digital. En outre, il faudrait mettre en avant des hommes reconnus dans le domaine digital pour faire la promotion des femmes dans le digital ce qui permettrait de faire changer les mentalités et les cultures aux sein des entreprises des nouvelles technologies. Enfin, proposer des conditions de travail qui soient plus compatibles avec une gestion optimale de l’équilibre travail/vie privée.

La mixité est fondamentale pour la réussite du numérique car il touche aussi bien les hommes que les femmes c’est juste une question d’opportunité. Une personnalité éminente du digital Jack Ma fondateur d’Alibaba l’a compris puisque lors du 48ème sommet de Davos a expliqué que les femmes sont la clé de la réussite5.

  1. Arabella Ignatieff (2017) Danger : La fragmentation des marques face aux multimédia
  2. https://www.journaldunet.com/management/expert/70924/les-femmes-dans-le-secteur-digital-en-2019—quelles-avancees.shtml
  3. https://www.journaldunet.com/management/expert/70924/les-femmes-dans-le-secteur-digital-en-2019—quelles-avancees.shtml
  4. Emily Chang (2018) Brotopia: Breaking Up the Boys’ Club of Silicon Valley
  5. https://www.numerama.com
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