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Réélection de Boris Johnson : d’où vient le mot « Brexit » ?

Texte rédigée par Delphine Jouenne, auteure de “Un Bien Grand Mot”

Le premier mot

Mauvais feuilleton, impasse politique, imbroglio… Les mots ne manquent pas pour qualifier l’interminable sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Maintes et maintes fois prorogé, l’accord venant régler les modalités de départ des britanniques est devenu l’arlésienne politique de ces trois dernières années. La date du 31 janvier 2020 est désormais le nouvel horizon pour trouver ou ne pas trouver la tant attendue solution négociée… La question n’étant plus, « Brexit or no Brexit ? » mais bien… « Deal or no deal ? ». Et si le Brexit devenait le nouveau Bremain ?

Mot pour mot

Brexit est une appellation trouble, issue de la contraction de « British Exit », soit mot à mot en français : les « Britanniques » souhaitent « sortir » de l’Union européenne. Le mot est apparu en 2012, au même moment que le Grexit (Greece exit). Ce serait un chroniqueur du magazine The Economist qui aurait utilisé « Brexit » en premier. Un mot tellement employé outre-Manche, qu’il a eu les honneurs du dictionnaire en ligne d’Oxford en août 2015. Sa définition est assez simple : terme qui évoque l’hypothétique départ du Royaume-Uni de l’Union européenne.

À mots couverts 

Brexit repose essentiellement sur Exit, troisième personne du singulier de l’indicatif présent du verbe exire : sortir. Le mot signifie également se mettre en marche (n’y voyez aucune allusion politique), ou encore se terminer. Exire est formé de ex (hors de) et ire, qui a conduit à la conjugaison du verbe aller au futur (EGRENE) (j’irai / tu iras…).

Élément amusant, le mot exit a été réutilisé en français sous l’impulsion des Anglais, alors même que le verbe dont il est issu et sa déclinaison au futur, se trouvaient, dès l’origine, dans la langue française. Bref, grâce aux Anglais, on a réintroduit exit en français, mais la possession du mot, ne nous donne pas pour autant le pouvoir de les faire sortir si facilement !

Le fin mot de l’histoire 

Exit s’emploie généralement au théâtre pour signifier que tel ou tel personnage quitte la scène. Véritable indication scénique, il devient substantivé en 1944 pour signifier la sortie. Ainsi, comme au théâtre, chacun fait ses entrées, chacun fait ses sorties, et la Grande-Bretagne se dirige peu à peu vers la sienne. De l’exit à l’exil, il n’y a qu’un pas ou plutôt il n’y a qu’un bras (de mer…).

Le mot de la fin 

Brexit, Grexit, Frexit… Nombreux sont les néologismes inventés pour annoncer le départ d’un pays de l’Union européenne. Aujourd’hui, les seuls mots de la langue française finissant par exit sont des créations pour décrire le phénomène. L’Italie ayant émis l’hypothèse de quitter à son tour le groupe des 28, son départ donnera-t-il naissance à l’italexit ou l’Uscitalia ?

Et pour la France, devrions-nous imaginer une frenchissue pour les plus pessimistes ? Les paris sont ouverts.

Delphine Jouenne,   Fondatrice du cabinet de conseil en communication Enderby, et auteure du site et de l’ouvrage “Un Bien Grand Mot », elle vise à définir les mots qui font l’actualité
https://unbiengrandmot.fr/