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Un féminisme ordinaire

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

En Europe, il existe semble t-il des féminisme ?  en France qu’en est il ? extrait de tedwomen

J’ai eu beaucoup de mal à accepter mon féminisme. Il faut admettre que dans notre société, déclamer « Je suis féministe » est encore peu courant, surtout pour un homme. Aussi, il me semble que la problématique s’inscrit davantage dans l’ignorance du terme, de sa conviction profonde et, de fait, de l’écho péjoratif qu’il suscite.

Si l’on se réfère au Larousse, le féminisme est un « mouvement militant pour l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société ». Sauf le respect que j’ai pour cette formidable institution du dictionnaire, c’est la définition même du concept qui déshumanise à mon sens la cause qu’il défend et son intérêt. Demandez aux personnes qui vous entourent ce que le « féminisme » renvoie comme image, vous aurez en guise de réponse des mouvements associés tels que les Femen ou Osez le féminisme !, mais rarement sous couvert d’une bonne réputation. Quoi de plus logique puisque la définition précédente désigne le féminisme comme un ensemble de mouvements, des mouvements généralement très médiatisés aux opérations parfois « coup de poing ». Le débat, si j’ose dire, ne s’articule pas ici autour de ces associations que je n’oserai critiquer, en bien ou en mal, aux vues de leurs actions en faveur de la libération et de l’émancipation des femmes. Non, le véritable obstacle est la définition du « féminisme » car si ce dernier est un mouvement, le féministe est un militant et, comme tout militantisme, le loyalisme qui en résulte désabuse bien souvent le plus convaincu et motivé des passionnés. Il me semble qu’il est temps de changer de paradigme, c’est-à-dire d’installer le féminisme, non plus comme un ensemble de mouvements, mais plutôt comme un état d’esprit que chaque individu adoptera naturellement. Il est impossible de demander à une personne d’agir en tant que féministe tant que ce terme sera assimilé à des mouvements. Le plus grand opposant à l’épanouissement de la femme comme l’égale de l’homme, c’est le sexisme ordinaire. Face à ce fléau, il est temps d’intérioriser et d’agir pour un féminisme ordinaire, c’est-à-dire un ensemble d’actions du quotidien pour contrer la misogynie traditionnelle ancrée à notre société historiquement patriarcale. A l’image des efforts à faire à l’échelle de l’individu au nom des défis environnementaux qui nous attendent, le combat au nom des femmes sera vain tant que chaque individu n’agira pas dans ce sens et, bien évidemment, la polémique hystérique autour du Burkini est à des kilomètres de nos préoccupations. N’oublions pas que si je ne compte plus le nombre de personnalités politiques hyperactives au sujet du burkini « au nom des femmes », je me souviens que seulement 15 députés (sur les 15, 6 ont voté “pour” et 9 ont voté “contre”… Les autres n’ont même pas voté !) sur 577 ont voté l’amendement qui devait rendre les députés coupables de violences (notamment sexistes) inéligibles… A bon entendeur.

Les batailles sont nombreuses : justice salariale, violences conjugales, harcèlement moral et sexuel, au travail ou dans la rue … Nous pourrions en citer encore beaucoup. Mais quand il s’agit de justice et du monde professionnel, seules les institutions pourront un jour légiférer un remède durable. Nous, à notre échelle d’individu, nous pouvons néanmoins agir à la source du problème : combattre les discriminations du quotidien.

Dans ce billet, je vous propose uniquement les prémices de cette nouvelle réflexion sur un féminisme ordinaire, matin, midi et soir, pour œuvrer dans la limite de nos capacités en faveur d’un remède face à l’un des plus grands fardeaux contemporains. Aussi, et dans la continuité de ces quelques mots, nous vous proposerons de Combattre les discriminations du quotidien, c’est commencer par analyser les préjugés, pour donner de véritables arguments de vérité”