Média Tribune d'expression

La communication digitale, une pure merveille

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

wimadame: ” tout ça c’est de la com…  oui mais  la communication positive avec empathie compréhension intelligence compétence c’est une ouverture d’esprit, une connaissance d’un sujet, une information qui aide a devenir meilleur… nous avons pour appuyer notre pensée repris un texte rédigé par Patrice Ras

” Cette question est tellement complexe que des milliers de chercheurs se sont attelés à cette tâche, sans pour autant l’épuiser. Nous n’allons donc pas résoudre cette question si vaste, mais simplement apporter quelques éléments de réponse, empruntés aux travaux, recherches et conclusions les plus probantes.

Communiquer, c’est échanger
Qu’est-ce que la communication ? Au sens étymologique, communiquer, c’est mettre en commun. Mais cette définition est beaucoup trop large, car on peut mettre en commun des moyens (au sein d’un projet ou d’une équipe) sans pour autant communiquer. Il s’agit donc plutôt d’un échange d’informations au sens large, ce qui inclut non seulement les informations objectives (« Il pleut ! »), mais aussi les informations relatives aux partenaires de la communication : leurs pensées, leurs états d’âme et leurs affects : émotions, sentiments, désirs, etc.

Communiquer, c’est informer
Pour les spécialistes de la communication, communiquer est avant tout informer, c’est-à-dire transmettre un message, un contenu, une information. C’est l’aspect tangible de la communication sur lequel ont réfléchi deux mathématiciens anglais.
Claude Shannon et Warren Weaver étaient chargés, pendant la Seconde Guerre mondiale, de décrypter le code de la fameuse machine allemande Enigma. Ils ont ainsi élaboré et publié le premier modèle de la communication (Théorie mathématique de la communication, 1948). Ils furent les précurseurs de l’informatique. Leur modèle assimile la communication à la transmission d’un message : « Un codeur, grâce à un codage, envoie un signal à un décodeur qui effectue le décodage dans un contexte perturbé par un brouillage. » Ce modèle est clairement inspiré par celui du béhavioriste Pavlov (stimulus-réponse). Il a été complété et dépassé depuis. Plus tard, Weaver a traduit « brouillage » par « bruit », « signal » par « message », « codeur » par « émetteur » et « décodeur » par « récepteur »…

En 1963, Roman Jakobson a complété et enrichi le modèle de Shannon et Weaver. Ce linguiste a analysé et décomposé la communication en six éléments indispensables, qui illustrent chacun un aspect et un enjeu de la communication (linguistique ou pas) :

Pour Jakobson, ces six éléments correspondent à six fonctions de la communication, car « le langage sert à plusieurs choses (en même temps) »

La fonction expressive est relative aux affects du destinateur.
La fonction poétique est relative au message.La fonction conative est relative au destinataire.
La fonction phatique est relative au canal (création, maintien et fin de la communication).
La fonction métalinguistique est relative au code.
La fonction référentielle est relative au contexte auquel le message renvoie.
On peut s’étonner de l’empilement des quatre éléments (contexte, message, contact et code) autres que les intervenants, ce qui les place tous sur le même plan, entre les intervenants. De plus, si le code apparaît en tant que tel, la notion de bruit a disparu.

Communiquer, c’est être en relation
Plus tard, la communication prend le sens de relation. Communiquer, c’est être en relation. Mais, là encore, il s’agit d’une définition extensive dont il est difficile de tirer un enseignement : d’une certaine façon, tout le monde est en relation avec tout le monde… C’est sans doute ce qui a fait dire aux chercheurs de l’école de Palo Alto (université de psychologie située dans la banlieue de San Francisco) : « On ne peut pas ne pas communiquer » (Paul Watzlawick).

En 1953, Theodore M. Newcomb reprend le modèle triangulaire d’Aristote, mais en remplaçant le message par l’environnement. Il s’intéresse moins au contenu (l’information) qu’à la relation en elle- même. Mais son (pauvre) schéma ne rend pas compte de la richesse de son œuvre. Il distingue deux dimensions inhérentes à toutes relations :
L’attitude : la qualité du lien affectif. l L’union : la spécificité du lien.

Il analyse ensuite l’équilibre, qu’il considère comme le but implicite de toute communication, ou le déséquilibre de chaque relation sociale à travers ces deux critères. La relation est équilibrée quand les attitudes ont la même orientation. En cas de déséquilibre, les communicateurs cherchent à le diminuer ou quittent la relation. Il approfondit cette notion d’équilibre avec huit schémas relationnels, dont quatre sont équilibrés et quatre déséquilibrés. Pour Newcomb, toute situation de communication implique des individus ayant des motivations et des attitudes spécifiques. Cette communication se noue souvent autour d’un objet (sujet de conversation, intérêt commun, événement récent, personne, etc.) qui constitue un moyen (un prétexte ?) de faire évoluer la relation.

Communiquer, c’est surtout influencer
La plupart des modèles précédents explicitent bien le circuit de l’information, mais ils font l’impasse sur le résultat de la communication, son impact. ( tribune d’expression wimadame)

En 1948 Harold Dwight Lasswell, un psychiatre et politologue américain, reprend les questions de Quintilien, un célèbre professeur de rhétorique (l’art de persuader) romain du premier siècle : qui, dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel effet ? Il l’applique à la communication de masse.
– Qui parle ? Qui est l’émetteur ? Un individu ou un groupe ? Quelles sont ses caractéristiques ?
– Pour dire quoi ? Que veut dire l’émetteur et que dit-il en réalité ? Quel est le (contenu du) message ?
– Par quel canal ? S’agit-il d’un mass media et lequel ? S’agit-il d’une communication verbale, orale (en direct, par téléphone), écrite ou non verbale (corporelle) ? Est-ce le bon canal ?
– À qui ? Quelle est la cible ? Un individu ou un groupe ? Quelles sont ses caractéristiques ? À quoi est-il sensible ?
– Avec quel résultat ? Quel est l’impact ou l’influence du message sur la cible ? Quel est le changement ?
Ce modèle articule information (message) et influence, mais il n’envisage la communication que d’une façon unilatérale du point de vue de l’émetteur (l’expression) et néglige la réception du message et le récepteur, qu’il considère comme passif (pas de retour ni d’influence du récepteur sur l’émetteur). D’ailleurs, son œuvre a servi de base à la propagande américaine pendant la Seconde Guerre mondiale (Propaganda technique in the World War, 1927) et de référence pour la publicité par la suite.
Harold Lasswell a eu le mérite de dépasser le niveau de l’information et de montrer que communiquer, c’est aussi agir sur l’autre, c’est-à- dire l’influencer, chercher à obtenir quelque chose de lui : de l’argent (vente), du travail (management), des sentiments (séduction), un apprentissage (formation), l’observance d’un traitement (médecine), l’adhésion (politique), un accord (discussion), l’écoute ou l’attention (parole), la reconnaissance (de notre présence, notre existence, notre importance ou de notre différence) et toujours une certaine image (positive) de soi…

Communiquer, c’est aussi interagir
Austin et les actes de langage
La plupart des modèles précédents explicitent bien le circuit de l’information, mais ils font l’impasse sur la dimension de l’action. Communiquer n’est pas seulement « transmettre un message », mais agir avec l’autre, interagir pour créer quelque chose ensemble. Pour Austin, toute communication est une interaction : nous créons des liens ensemble avec les « actes de paroles » : bénir, déclarer, parier, s’engager, complimenter, demander, ordonner, nommer, accepter, mais aussi refuser, ridiculiser, injurier, insulter, maudire, etc.

Si l’on tente une synthèse des différentes définitions et des différents modèles décrits, on peut alors définir la communication comme le fait d’être en relation et de pouvoir se transmettre des informations afin d’obtenir quelque chose de quelqu’un. Et ceci est valable dans les deux sens : chaque intervenant est à tour de rôle émetteur et récepteur. Dès lors, la communication est une interaction : chacun agit sur l’autre et avec l’autre en utilisant des informations.

Patrice Ras