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« Le cubisme »

Texte rédigé par C.K.S.

Inaugurée plus de cent ans après la naissance du cubisme et la publication de la critique qui allait nommer ce mouvement artistique, la rétrospective “Le cubisme” (17 octobre 2018 – 25 février 2019) vient de s’achever au centre Pompidou, précédée en janvier par l’exposition “Picasso. Bleu et rose” (18 septembre 2018 – 6 janvier 2019) qui s’était tenue au musée d’Orsay. Il est amusant de constater que la succession de ces deux expositions et leurs sujets respectifs correspondent à peu de chose près à la succession desdites périodes bleue, rose et cubiste dans la carrière de Picasso. La période rose de l’artiste a succédé à la période bleue avant de s’effacer devant la période cubiste – le portrait de Gertrude Stein de 1905-1906 présent dans l’exposition “Le cubisme” illustrant la transition de Picasso de l’une à l’autre en comportant des éléments propres à ces deux dernières périodes. Il s’agit probablement d’une coïncidence, mais elle était bienvenue dans la mesure où la rétrospective du centre Pompidou proposait pour sa part “un panorama du cubisme à Paris (…) entre 1907 et 1917” à travers la confrontation des œuvres de deux de ses fondateurs, Pablo Picasso et Georges Braque.

L’exposition s’ouvrait donc par la présentation d’une inspiration artistique issue des arts premiers ainsi que d’une recherche de simplification des formes influencée par les travaux de Cézanne et de Gauguin. On partait du baptême peu flatteur du cubisme par un critique d’art pour suivre l’évolution du mouvement et de ses principes picturaux, partagés par de plus en plus d’artistes avec leur présentation au public lors des salons indépendants de 1911 à 1913. L’exposition explorait ensuite brièvement le cubisme sous l’angle de la sculpture et son rapport à la critique pour se poursuivre avec la déclaration de la guerre de 1914-1918 et son influence sur le mouvement. L’avant-dernière salle présentait conséquemment des œuvres autour de thèmes relatifs à la guerre tout en expliquant l’évolution stylistique qu’elle induisit chez Picasso et Braque. La rétrospective s’achevait sur la postérité du cubisme et de ses principes chez des artistes et mouvements postérieurs s’en réclamant ou s’en détachant. L’exposition était donc chrono-thématique, le parcours explicitant ce choix dès les deux premières salles.

La première salle jouait le rôle d’une introduction et présentait les racines du cubisme, ses inspirations formelles venues des travaux de Gauguin, des arts premiers et de Cézanne. Elle invitait le visiteur à se familiariser avec Ambroise Vollard, un marchand d’art qui contribuera de manière notable à la carrière de Picasso, par le biais d’une toile peinte par Cézanne (lui-même un de ses peintres). Une œuvre de Picasso le dépeignant à son tour apparaissait un peu plus loin dans l’exposition au même titre que celle représentant Gertrude Stein, une des mécènes du peintre.

Avant que l’on puisse accéder à la deuxième salle, celle consacrée au primitivisme, la muséographie s’attardait sur les relations liant les membres du cercle cubiste et leurs proches en présentant des photographies sur lesquels figurent ceux-ci. On y retrouvait donc Georges Braque, Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, Max Jacob, Daniel-Henry Kahnweiler ou Frank Burt Haviland posant tour à tour dans l’atelier de Picasso – Picasso lui-même.