Coup de Cœur

Les rêves sont les produits de notre inconscient.

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

En 2012, les internautes rêvent de visibilité sur la toile. Comment se faire connaitre, reconnaitre, apprécier dans la durée, dans une société de l’oubli, ou l’information circule à la vitesse de la pensée! L’homme et la femme dans cette recherche constante de créer autour d’eux un cercle amical, ou professionnel, éprouvent le désir  de se rassurer ou de se retrouver sur des valeurs communes, des projets à partager, des passions à dévoiler. Comment développer de la conversation sur la toile? ” tout le monde rêve d’un renouveau unificateur” ( C.G.jung) Internet est arrivé, Face book est la communauté sur laquelle s’appuie un grand nombre d’individus.

Comment choisir son réseau, qu’est ce que l’internaute espère de ces réseaux, l’essentiel pour le réseau de wimadame est d’amener un certain nombre d’entrepreneurs en Europe, à partager un certain nombre de convictions: La culture et l’énergie d’entreprendre pour demain.

Cette semaine votre second  rendez vous avec  Laurence Grenier.

De l’utilité des réseaux, quelqu’en soit la fin:

Mon amie Hélène Sabatier, experte en réseaux, et lectrice de Proust, me fait remarquer que Swann, délaissé par Odette dont il est follement épris et extrêmement jaloux, fait marcher son réseau de connaissances parisiennes pour surveiller, et influencer sa maîtresse : ici Swann rend visite à Adolphe, grand-oncle du narrateur, pour le convaincre de parler pour lui à Odette :« Je veux parler avec vous. Vous, vous savez quelle femme au-dessus de toutes les femmes, quel être adorable, quel ange est Odette. Mais vous savez ce que c’est que la vie de Paris. Tout le monde ne connaît pas Odette sous le jour où nous la connaissons vous et moi. Alors il y a des gens qui trouvent que je joue un rôle un peu ridicule ; elle ne peut même pas admettre que je la rencontre dehors, au théâtre. Vous, en qui elle a tant de confiance ne pourriez-vous pas lui dire quelques mots pour moi, lui assurer qu’elle s’exagère le tort qu’un salut de mon lui cause? »

En fait de réseaux, et à l’heure actuelle, peut-on parler de réseaux de Proustiens ? Ma première rencontre avec un tel groupe se situait à New-York, Mercantile Library, où une amie de l’Alliance française, pharmacienne comme moi, mais originaire de Belgique, me conduisit à l’une des réunions mensuelles d’un groupe de fans de A la recherche du temps perdu, au cours desquelles La Recherche était lue, relue et analysée 100 pages à la fois (un autre groupe se réunissait par 10 pages, mais là le coupage de cheveux en quatre devenait intolérable).              

Une soixantaine de participants, hommes et surtout femmes, étaient présents, certains très habillés, d’autres mal fagotés comme on en voit tant en Amérique, obèses ou en jogging, décoiffés, bruyants, enfin c’est ainsi que le reste de persifflage qui vient avec une éducation française me fit noter ces travers liés à l’apparence. Avant de m’assoir dans une grande salle où assez de chaises avaient été dépliées, une dame aux cheveux grisonnants me demanda combien de fois j’avais lu La Recherche, pour elle c’était 8 fois ! je m’attendais au pire. Et pourtant, aussitôt que tout le monde fut placé, le commentateur, directeur de la bibliothèque, lut un passage du roman : les sourires s’épanouirent, les dos se redressèrent, les questions fusèrent, la joie avait envahi la salle, tout s’éclairait et je peux dire que mon esprit critique disparut devant cet aréopage d’esprits orientés vers le même but : relire Proust ! on ne peut parler véritablement de communion (certains disent qu’être Proustien c’est appartenir à une secte, non j’aimerais mieux que ce soit une religion, une religion qui prospère, ouverte à tous et dont les rangs ne feraient que grossir, et qui se réuniraient ou communiqueraient dans un réseau géant)…..

Proposons à la femme moderne de ne pas trancher trop rapidement et de prendre un peu de son temps précieux à la réflexion …..