Edito

Recommandation Premium wimadame

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

Un quart d’heure de recommandation vaut dix années de travail ” Qu’en pensez vous?

Afin de réfléchir sur ce sujet….la parole digitale a été donné à  Valentin Tonti Bernard

Une fin aux idées reçues sur la recommandation….

L’action de recommander quelqu’un, ou comme le décrit si bien le Larousse “de le signaler à la bienveillante attention d’un autre”, est encore très mal perçue en France. Assimilée au piston et au favoritisme, la recommandation souffre encore d’une image péjorative -celle d’un privilège de caste, d’un milieu fermé sur lui-même où règne l’entre-soi- qui fait écran à tout ce qu’elle peut porter et apporter de positif. Personnellement, je sais parfaitement que je ne serais pas là où je suis aujourd’hui sans les personnes qui m’ont aidé et soutenu et, encore moins, sans celles qui ont mis en jeu leur nom et leur réputation pour me recommander. C’est d’ailleurs en pensant à la lettre de recommandation rédigée par l’un de mes enseignants que j’ai trouvé une grande partie de mon inspiration pour mon dernier article sur la reconnaissance https://www.wimadame.com

La recommandation est en réalité un cadeau précieux. Celui qui en bénéficie acquiert grâce à elle, non seulement la possibilité d’accéder à un poste qu’il n’aurait pu obtenir seul, mais aussi la marque d’une confiance certaine en ses compétences et talents.

Recommander ou ne pas recommander, that’s the question?

Qu’on se le dise, recommander quelqu’un n’est pas un acte facile ! Il y a dans l’acte de recommander une véritable prise de risque. Le risque d’entacher sa crédibilité dans l’hypothèse où la personne recommandée n’est pas recommandable. Oubliez les raccourcis et interrogez-vous en toute franchise ! Recommanderiez-vous le fils d’une amie à votre patron en sachant pertinemment que c’est un tire-au-flanc ? Feriez-vous entrer un camarade de promo dans votre boîte alors même que vous avez conscience que son niveau en classe était plutôt médiocre ?

La réponse à ces deux questions est très certainement non. Car recommander quelqu’un, ce n’est pas seulement rendre un service à quelqu’un, c’est surtout se mouiller pour quelqu’un. Vu sous cet angle, c’est aussi, par la force des choses, reconnaître à quelqu’un des qualités professionnelles et personnelles dans des domaines précis. En gros, on ne se mouille pas pour n’importe qui pour faire n’importe quoi. Il faut

d’abord analyser les tâches avant de cibler la personne la plus apte à les remplir. Untel a de très bonnes compétences techniques, mais un très mauvais relationnel et une grosse tendance à se la jouer perso, j’éviterais donc de le recommander pour un job dans lequel le travail d’équipe est primordial. Je lui préfèrerais une autre connaissance, qui pourra très bien être légèrement en deçà techniquement, mais qui elle saura très bien évoluer en équipe, être à l’écoute du groupe et faire des passes décisives. D’ailleurs, si l’on considère les personnes en termes de compétences et de connaissances, je dirais même qu’on peut très bien recommander quelqu’un que l’on n’apprécie pas spécialement mais dont on reconnaît le savoir-faire. Travailler ensemble, ce n’est pas être amis.

Ainsi, si l’on résume les choses : recommander oui, mais à certaines conditions. La recommandation doit concernée une personne pour une qualité donnée et être utilisée à bon escient. Ne pas placer quelqu’un pour le placer, mais le placer parce qu’il l’a mérité.

La recommandation, un ménage à trois:

Dans le même ordre d’idées, placez-vous dans la peau du recruteur ! A compétences égales, quel candidat choisissez-vous ? Celui dont vous ne savez strictement rien en terme de savoir-être ? Ou celui qui vous a été chaudement recommandé par une personne dont vous estimez l’opinion ? Se fier à un connu plébiscité plutôt qu’à l’inconnu me paraît un choix stratégique normal et compréhensible. Alors, arrêtons de crier systématiquement au népotisme.

On oublie trop souvent que, dans les faits, l’acte de recommander n’engage pas que deux parties, mais trois. Celui qui est recommandé, celui qui recommande, mais aussi celui qui bénéficie de la recommandation, c’est-à-dire dans un contexte professionnel : l’employeur. Or, chacun doit y trouver son intérêt. Le “recommandé” obtient le job. Le “recommandant”, lui, joue sur deux tableaux : il bénéficie de la reconnaissance et de la loyauté du “recommandé” et,

dans le même temps, il marque des points au sein de son entreprise en permettant le recrutement de collaborateurs de qualité. Enfin, c’est une manière pour l’employeur de pourvoir un emploi rapidement, sans avoir besoin de vérifier l’information, avec pour garantie d’efficacité la parole du “recommandant” et l’engagement moral dont se sentira tenu le “recommandé” envers celui-ci. La boucle est bouclée. Le cercle est vertueux.

Et si la recommandation était l’avenir du recrutement ?

Partant de là, ne pourrait-on envisager la recommandation comme un véritable mode de recrutement pour l’entreprise ? Pas le seul et unique, bien entendu. Il ne faudrait pas non plus écarter les talents qui ne possèdent pas le réseau suffisant pour être recommandés. Pas le seul et unique, donc. Mais l’une des voies possibles… Multiplier les modes de recrutement peut se révéler une tactique astucieuse pour varier les profils et accroître le potentiel humain au sein d’une communauté de travail.

A y réfléchir, la recommandation existe dans tous les pans de la société. Les relations amicales ou amoureuses, par exemple, naissent parfois ainsi. X a présenté Y à Z et la magie a fait le reste. C’est également une pratique très courante dans les club services qui s’organisent et fonctionnent sur le principe de la solidarité de ses membres. Comme beaucoup d’autres concepts, il ne s’agit finalement que d’adapter et transposer à l’entreprise des pratiques personnelles et privées. Et cela vaut le coup d’essayer ! En effet, le bénéfice qui peut en être retiré est loin d’être négligeable car il repose sur une valeur extrêmement noble et grande : la confiance.

Cette notion de confiance me fait penser à des modèles qui existent déjà et qui constitueront, je l’espère, des sources d’inspiration. Pensez à ce que vous avez de plus cher. Vos enfants, par exemple. Les confieriez-vous à n’importe qui ? Je ne crois pas. Si vous devez vous absentez, vous vous tournerez d’abord vers votre famille et si jamais

vous deviez recruter une personne pour les garder, vous feriez passer de sérieux entretiens d’embauche. Certaines sociétés de baby-sitting ont donc réfléchi ainsi leur mode de recrutement pour en faire un argument de vente. Le recrutement d’un nouveau baby-sitter est subordonné au parrainage d’un de ses pairs, étant entendu que le parrain ou la marraine est nécessairement un élément qui a déjà fait ses preuves et donné toute satisfaction.

Par ailleurs, il existe aujourd’hui des entreprises qui incluent la recommandation dans leur fonctionnement. Des entreprises où une nouvelle personne embauchée recommande 4 personnes de sa connaissance dans des domaines différents. Et ainsi de suite… Des motivations morales (être bien vu) ou -pourquoi pas ?- financières, permettent au système de fonctionner et de s’auto-alimenter.

Enfin, vous devez le savoir maintenant ! Réfléchir l’entreprise et le monde de demain est l’un de mes terrains d’investigation favori. Le management libéré et décomplexé, l’holacratie, les crossing circles sont autant de sujets qui me passionnent et sur lesquels j’ai envie de partager. Voyez déjà comme je m’emballe et comme je commence à m’écarter du sujet… Je m’arrête donc là ! Si j’allais plus avant, j’aurais mal fait le job car je n’aurais pas fait la part belle à la recommandation.