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Comment je me suis relevée après un échec entrepreneurial ? Se servir d’un échec pour mieux rebondir !

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Ecrit par wimadame

Texte rédigé par Tendresse Bouenissa

En France, quand un entrepreneur échoue, il est rare qu’il décide de raconter ouvertement et de manière transparente son histoire. Très souvent, il sombre dans le déni et préfère tourner la page. Oui, parce qu’en France, l’échec on préfère ne pas en parler. On préfère faire comme si ça n’existe pas car on se dit que « c’est un peu, la honte ! » et le regard des autres ? on le craint. Je m’appelle Tendresse Bouenissa, j’ai décidé de parler de mon échec entrepreneurial et surtout d’en tirer des enseignements.

Tout a commencé le 1er octobre 2015… Cela faisait un an et demi que moi et mon amie nous travaillions à côté de nos études sur notre projet : le lancement d’un site e-commerce proposant des produits naturels. « Ça y est on est lancé, c’est officiel, Beautif’all est né… ».

A l’époque je n’avais que deux fournisseurs… Notre objectif était de proposer des produits naturels à prix très abordables et de qualités, car aujourd’hui sur le marché les produits naturels sont relativement chers. Un fournisseur au Maroc et une en France et JACK POT en Ile de France ! Que demande le peuple ? Je savais qu’en me lançant avec seulement deux fournisseurs c’était dangereux, de plus, j’étais revendeuse ! Je souhaitais développer considérablement l’activité pour ensuite pouvoir moi et mon amie (qui faisait des études en biologie/chimie) avoir l’apport nécessaire pour financer nous-même la production de nos propres produits. En attendant, on faisait avec les moyens du bord…

Je m’investissais beaucoup dans cette activité et les priorités de mon associée changeaient. Au départ, nous gagnions peu d’argent et je fournissais un travail colossal après les cours, sachant qu’en plus j’étais en alternance. Je ne vous dis pas le calvaire et les nuits (presque) blanches que j’ai affronté…

Mon associée est tombée enceinte et dès les premiers mois a quitté le navire. Je ne lui en ai pas voulu car je trouvais que je m’investissais d’une façon trop disproportionnée par rapport à elle. Et puis, elle avait d’autres préoccupations, une nouvelle aventure l’attendait alors j’ai accepté avec respect sa décision !

LES FRUITS DE MON TRAVAIL SONT ARRIVES.

Ayant la maitrise du marketing et du digital, étant rigoureuse dans mes actions, je développe l’entreprise considérablement et quintuple en quelques mois mon chiffre d’affaires. A tel point que dans les résultats de recherche naturel, mon site arrivait en tête des positions Google sur certaines catégories de produits.

MAUVAISE GESTION.

L’activité se développe très bien, je dois gérer ma vie d’étudiante, de salariée en alternance et… de nouvelle business woman! Je rencontre des clientes adorables (Moi qui adore le contact humain, aujourd’hui certaines sont même devenues des amies). Je participe à des événements, j’en organise aussi, je reçois même des candidatures en alternance (Alors là, on ouvre le champagne, j’avais vraiment l’impression d’avoir réussi ma vie –rires-).

Les bénéfices étaient au rendez-vous et pour être honnête je n’en ai pas fait bon usage… Je dépensais presqu’un salaire en vêtements (vêtements que j’ai dû jeter à force, car mon dressing débordais et j’achetais n’importe quoi…). J’achetais des sacs, montres, je sortais au restaurant régulièrement (alors qu’à la base, je suis Madame Picsou). Je partais en weekend sur des coups de tête et j’ai même pu m’acheter mon 4×4 que je rêvais tant (que je n’aurais jamais pu m’offrir autrement -rires-) ! J’avais même oublié qu’il fallait économiser pour pouvoir investir et faire mes propres produits par la suite !

RETOURNEMENT DE SITUATION.

Je travaillais en flux tendu car je ne voulais pas avoir trop de stock. Je me développais bien et j’étais devenue l’une des clientes les plus importantes de ma fournisseuse. Il y avait des entrepreneuses qui vendaient les mêmes produits que moi depuis trois ans, mais ne se développaient pas à cette vitesse.

Le problème du flux tendu, c’est que les clientes payaient sur le site des produits que je n’avais pas en stock, puis moi, je commandais en urgence auprès de ma fournisseuse. Etant donné qu’elle travaillait seule avec sa fille et que je n’étais pas sa seule cliente, elles se sont très vite retrouvées débordées. Moi mon business m’obligeait à être réactive. Entre-temps, j’ai perdu mon fournisseur marocain… Il a eu des ennuis avec la douane, j’ai dû arrêter la collaboration, il ne me restait plus qu’elle. Je dépendais d’elle !

Le temps de fabrication s’allongeait, j’étais pressée et quand elle me donnait des dates de livraison, à la dernière minute elle avait souvent des impératifs qui rallongeaient la date prévue initialement et en attendant je lui avais fait mes virements et elle ne m’avait toujours rien livré.

Mes clientes voulaient porter plainte contre moi (ce qui se comprend) et étant donné que je recevais les produits en retard et de nouvelles commandes s’accumulaient, je devais très vite repasser commande. Je rentrais après les cours ou le travail exténuée, ma famille m’aidait même à préparer les commandes, c’était devenu infernal et je n’en pouvais plus…

Je passais mes nuits à faire des commandes, je dormais peu et je somnolais au travail… C’était devenu un réel enfer, ça ne me plaisait plus… Soyons honnête, il ne faut pas se voiler la face, j’allais de toute les façons perdre ma clientèle. Je commençais même à supprimer les mauvais avis sur les réseaux sociaux ! Bref j’étais devenue la femme à abattre.

Je ne voulais pas quitter mon travail (après l’alternance) car je savais que le but de ma fournisseuse était de se développer et qu’elle allait récupérer ma clientèle : ce n’était qu’une question de temps. Elle était grossiste mais aussi, vendeuse au détail… Elle mettait ses coordonnées sur le packaging, elle devenait ma concurrente directe. Bref tôt ou tard mon business allait s’écrouler car les clientes iraient directement à la source…

Début 2017, je décide d’arrêter l’hémorragie, pour mettre un terme à l’aventure et ironie de l’histoire je cède mon activité à ma fournisseuse qui reprend certaines parties du bébé.

COMMENT SE RELEVER APRÈS UN ECHEC ?

J’ai eu une “sombre” période, où je me suis demandée « comment as-tu pu en arriver là ? » et ce qui est le plus blessant, ce sont les « amis » qui ne vous encouragent pas et ne donnent plus signe de vie depuis la création de votre entreprise, mais font une réapparition soudaine quand ils apprennent que vous fermez boutique.

Je crois que le plus dur, c’est d’accepter. Il faut accepter quand les choses ne se passent pas comme on les avait prévus. Il faut accepter, de faire une croix sur ce qui semblait bon pour nous ! Accepter de s’être investie, mais que cela fait désormais partie du passé ! Ça a l’air simple sur papier mais c’est différent dans la vraie vie, car accepter une étape très douloureuse !

Ensuite quand on accepte, on voit les choses différemment, on commence à trouver des solutions, c’est l’étape suivante ! On réfléchit en se demandant « qu’est-ce que je fais maintenant ? comment rebondir ? ». Je vous assure que quand on goûte à l’échec, on en ressort grandis. Parce que cela nous pousse à nous dépasser et à ne plus faire les mêmes erreurs !

Je trouve cela dommage que les gens parlent peu de leurs échecs. Car au final, dans la vie, on passe tous, on est tous déjà passé par là, et on passera tous par des échecs.

Par exemple quand on était jeune, qu’on souhaitait devenir pilote ou médecin et que finalement nos notes ne nous permettaient pas d’intégrer ces écoles, ou lorsque l’on a eu nos premiers échecs amoureux.

L’important, c’est ce qu’on en tire et ce qu’on apprend de ces échecs ! J’ai rencontré un jour Hapsatou Sy, entrepreneuse et présentatrice télé, qui m’a dit « l’échec fait partie de la vie d’un entrepreneur ». Je suis tout à fait d’accord ! Tous les entrepreneurs que nous connaissons, qui ont la notoriété qu’ils ont grâce à leur entreprise, nous parlent d’échec et nous disent à quel point cela forge un entrepreneur ! « J’ai échoué 3 fois à l’université. J’ai postulé 30 fois pour avoir un boulot mais j’ai toujours été rejeté. Quand KFC est venu en Chine pour la première fois, nous étions 24 à postuler et j’étais le seul à être rejeté. Je voulais rentrer dans la police et sur 5 postulants, j’étais le seul à ne pas être accepté. J’ai postulé 10 fois pour rentrer à l’université d’Harvard aux USA et j’ai été rejeté» nous disait Jack Ma, Créateur d’Alibaba et 22e fortune mondiale selon le magazine Forbes en 2015 avec 29,8 milliards de dollars.

OÙ J’EN SUIS?

Grâce à ma première expérience, j’ai pu rencontrer des entrepreneurs qui peinaient à se développer. C’est pourquoi, je me suis servie de ce constat pour créer mon agence My Partnerz (MyPartnerz.com) spécialisée en stratégie Marketing et Digitale pour les entrepreneurs et PME. En bref, j’aide les entrepreneurs et petites entreprises à mettre en place une stratégie marketing et digitale pour se développer sur le web, séduire leurs clients et augmenter leurs ventes.

Et vous, comment allez-vous vivre vos échecs désormais ?

Tendresse Bouenissa
Fondatrice de My Partnerz