Tribune d'expression Voir grand et loin

Intelligence artificielle : pour dépasser la peur, une formation au numérique est nécessaire

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Ecrit par wimadame

Texte rédigé par Guillaume Broutart

Capable de calculer d’importants volumes de données en un temps réduit, l’intelligence artificielle n’est soumise à aucune des contraintes qui régissent la vie des humains. Certains craignent qu’on la dote d’une conscience, d’un pouvoir de décision et de valeurs morales, ce qui la placerait en compétition avec les humains pour certains métiers. Nous sommes encore loin d’une IA totalement indépendante et pourvue de libre-arbitre ; en revanche, les possibilités qu’elle offre sont davantage des promesses pour le monde de l’entreprise qu’une menace au travail humain. A condition de déployer des efforts soutenus pour former le plus grand nombre aux outils et enjeux numériques.

Une troisième révolution en marche

Le progrès, de l’invention de l’écriture à la révolution industrielle, en passant par la révolution agricole, a toujours été une composante de l’évolution humaine. Pour certains experts, l’essor du numérique et de l’intelligence artificielle constituent une troisième révolution majeure. Et pour cause : la productivité humaine semble avoir bien des choses à envier aux machines dotées d’Intelligence Artificielle. Ces dernières n’ont pas besoin de repos, n’ont pas de vie privée ou d’aspirations personnelles et impromptues, ne tombent jamais malades, et sont de surcroît capables d’une formidable puissance de calcul. Les progrès accomplis dans l’exploitation de l’Intelligence Artificielle et du Machine Learning participent à une accélération générale des bouleversements liés au numérique. Pour se rendre compte du phénomène, rappelons qu’il fallait auparavant attendre près d’une centaine d’années pour assister à un progrès fulgurant, tandis qu’aujourd’hui, tous les quinze ans environ, une innovation bouleverse l’ordre des choses. De quoi faire craindre le pouvoir grandissant des GAFAMI*. Si l’incertitude quant à l’avenir peut justifier certaines craintes, il ne faut pourtant pas voir dans l’IA la menace du remplacement des humains, mais l’opportunité pour tous d’acquérir des connaissances sur le numérique. C’est là le meilleur moyen de contrecarrer les éventuelles pertes qui pourraient être causées par le progrès de l’IA.

Un accueil différent en entreprise, entre alarmisme et optimisme 

En entreprise, les avis sont partagés quant aux effets de l’IA sur l’emploi. Quand certains dirigeants tirent la sonnette d’alarme, d’autres sont plus optimistes, et voient en l’IA une entité complémentaire plutôt qu’un rival de l’intelligence humaine. Dans les deux cas, il importe de se souvenir d’une notion importante : l’Intelligence Artificielle fait parfois l’objet de spéculations exagérées, et ne peut en aucun cas remplacer l’intuition et la réflexion humaines. En revanche, pour préserver l’accès à l’emploi, les entreprises ont intérêt à revoir leur vision des métiers afin qu’ils intègrent pleinement les outils numériques. Ceux-ci ont déjà profondément changé la manière dont fonctionnent les relations interpersonnelles, y compris dans le contexte professionnel, ainsi que notre façon de travailler. Ainsi, dans le secteur bancaire, l’Intelligence Artificielle d’IBM, Watson, s’intègre peu à peu comme assistant auprès des conseillers de clientèle. Elle y fournit des réponses ultra-pertinentes à des requêtes précises, et aide à déceler, grâce à l’analyse sémantique, le ton des correspondances avec le client. Des applications de Watson sont également prévues dans le milieu hospitalier, notamment dans les domaines de la cardiologie ou de l’oncologie. Pour éviter que certaines typologies d’emploi, comme les stages ou les métiers administratifs, ne soient impactées, il importe de privilégier l’accompagnement et la formation au numérique, par exemple en les rendant gratuits.

Accroître les formations au numérique et à l’IA : un enjeu décisif pour dépasser les craintes

Quelles que soient les évolutions à venir, il est urgent d’augmenter les efforts dédiés à la formation dans les domaines du numérique et de l’intelligence artificielle. Mieux vaut se préparer pour être plus adaptable, plutôt que de prendre du retard, tant sur l’aspect économique et organisationnel que sur le volet humain et social. Le travail de formation doit être étendu au plus grand nombre, si l’on veut éviter de se retrouver dans une situation de monopole par les géants du web, mais aussi pour s’assurer que les métiers puissent se réinventer.

Nous évoluons vers un monde où les tâches monotones seront prises en charge par l’Intelligence Artificielle, laissant les humains se concentrer sur leurs compétences métier et leurs loisirs. A l’avenir, nous pourrons peut-être doter les machines de capacités plus poussées, comme celle de prendre une décision après avoir analysé différents paramètres. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que l’IA est là pour assister l’humain et tenir auprès de nous un rôle de conseil, de support, et que c’est là sa vocation première. De notre capacité à garder ce cap et à démocratiser la connaissance du numérique dépendra l’impact de l’IA sur le monde du travail, de l’éducation et de la société.

Guillaume Broutart
Country Manager France, Teamleader
*Le terme GAFAMI désigne les leaders actuels du web et de l’exploitation de l’Intelligence Artificielle : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et IBM.