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Sauvons nos élites à tous prix

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou
Crise de l’intelligence? la France a besoin d’élites…wimadame

Un coup de gueule signé Sophie de Menthon .. extrait causeur.fr

Notre passion nationale pour l’égalité a bien des effets pervers. Quand ça va mal en France, la guillotine n’est jamais loin.

Il est quasi unanime et fort apprécié d’accuser les élites de tous les maux et de vouloir les faire disparaître de la société française au plus vite.
Les élites seraient profiteuses, favoriseraient l’entre soi, ne penseraient qu’à se goinfrer au détriment des salariés lambda, inégalitaires par définition, elles sont incapables de favoriser l’intérêt général. L’élite est la nouvelle classe sociale à abattre, le nouvel aristo à guillotiner !

Dans les élites, on trouve ceux qui sont issus des grandes écoles, les politiques, les « spécialistes », les dirigeants en général, les mandarins, les chefs de quelque chose et ce sont de préférence des hommes blancs de plus de 40 ans, qui décident pour les autres.

Les élites à l’heure de la post-vérité

Une sorte de communisme intellectuel qui voudrait que le salaire de la caissière de Carrefour (un prototype adoré des médias et des socialistes dans l’âme) devrait se rapprocher de celui du PDG qui est payé de façon indécente ( même si ce peut être le cas)

Pour renforcer cette conviction, la démocratie participative procède du même anathème : dorénavant il est admis que chacun d’entre nous « sait » aussi bien que les élites ; les « réseaux sociaux » sont les premiers vecteurs anti-élites. Tout le monde a le droit d’avoir son avis, peu importe qu’on ait fait six ans d’études pour avoir une certaine connaissance dans un domaine. Le président de la République vient d’ailleurs d’encourager ce sentiment en tirant au sort 15 citoyens qui seraient capables de vérifier la stratégie vaccinale ! On croit rêver… La grande découverte de ces derniers temps, c’est que la vérité n’est qu’une opinion comme les autres ! A chacun la sienne.
Nous en sommes au stade où les certitudes qui s’affirment sur des bases inexistantes finissent par influer sur la marche du pays, les fameuses fake news en sont la conséquence. Platon s’est complètement planté

avec sa théorie du philosophe roi, expliquant que ce sont nos philosophes (élites) qui entretiennent des liens intimes avec le savoir et y consacrent toute leur activité, qui doivent diriger la Cité.
S’ajoute à cela la victimisation de la société qui est arrivée à un tel stade que l’on doit promouvoir d’abord les défavorisés, que le niveau scolaire ou estudiantin doit s’adapter à ceux qui ont le plus de difficultés. La meilleure façon de ne plus avoir d’élites c’est de ne plus en fabriquer et là on est bien parti !

Un nouvel ordre moral qui atteint même le monde de l’art, ainsi que le constate Nathalie Obadia dans The Art Newspaper Daily«les critères du classement des artistes sont ceux du militantisme et de l’engagement », les plus grands artistes américains disparaissent du classement mondial.
Voici donc les élites quelles qu’elles soient, contestées par principe et même chassées.

Chasse aux « profiteurs »

Il est toutefois vrai que certaines l’ont bien cherché, la certitude d’être intouchables, les meilleures places réservées aux mêmes qui se soutiennent, le club fermé des anciens élèves, la cooptation systématique, le blocage des nouveaux entrants, les grands corps de l’Etat, la puissance de l’administration, etc. ont peu à peu révolté les populations entraînant des extrémismes bien plus condamnables encore… Sans compter évidemment les profiteurs du système, qui le sont d’ailleurs plutôt moins qu’avant, aujourd’hui une patte de homard vous jette en pâture à l’opprobre nationale. Que l’égalité des chances au départ soit une priorité est indiscutable, mais à l’arrivée c’est indéfendable. Le vrai problème c’est que notre pays a besoin d’élites plus que jamais, la complexité du monde nécessite les meilleurs, les talents, les plus doués, il faut les faire émerger d’où qu’ils viennent. Nous avons besoin d’excellents professeurs, de fonctionnaires qu’on autorise à réfléchir et qu’on récompense pour leur prise de risque, d’ingénieurs brillants, de chercheurs qui ne filent pas à l’étranger pour être mieux payés et sans carcan. Non ! Tous les gens ne se valent pas, il est faux de dire qu’on a tous les mêmes capacités… NON ! Il ne faut absolument pas se réjouir de classes d’âge entières qui obtiennent le bac avec un niveau de plus en plus médiocre, accepter un nivellement par le bas dans les facs sous prétexte d’égalité des chances, arrêter de justifier l’échec, de refuser les classements, de renoncer aux prix d’excellence… Tout cela au nom du socialisme ? Il ne mérite pas cette dégradation et cette déconstruction.

Oui, il y a des gens plus intelligents que d’autres, plus travailleurs, plus doués. On en est arrivé à

l’aberration dans une entreprise de ne pas avoir le droit d’augmenter un salarié qui est excellent et en fait plus, si l’on n’augmente pas de la même façon celui qui a le poste équivalent et qui en fait le minimum. La compétition et la concurrence sont les moteurs du succès, rappelons-le-nous.
Nos élites ne sont pas des saints et soyons vigilants en revanche avec ceux qui profiteraient abusivement de certaines situations ; les privilèges aussi font partie de la vie, du succès et de la réussite, tout ce que nous conspuons de plus en plus.

L’égalité ne doit pas passer par l’égalitarisme, nous confondons les deux, au détriment du classement de la France dans le monde.