Alliance, coopération & partenariat

Vous avez dit autorité ?

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

Sophie de Menthon prend la parole écrite.. source le Midi-Libre

Nous sommes victimes d’un terrible paradoxe : les Français rêvent d’un retour de l’autorité, inversement proportionnel à celle exercée par l’État! Notre problème est que bien souvent il ne s’agit pas de l’autorité de l’État mais de la pieuvre administrative qui régit nos vies. Besoin d’autorité? Mais on ne supporte plus la contrainte elle-même et surtout lorsqu’elle vient d’en haut, nous voulons un Etat qui respecte notre liberté, fasse preuve d’autorité mais ne soit surtout pas autoritaire. Chacun s’estime aussi compétent que les experts et les représentants de ladite autorité; nous avons tous “droit à”, nos “devoirs” sont ceux que nous doivent les autres. Nous avons tous renoncé à l’autorité “classique”, fondement de notre culture.

L’autorité des parents aussi est ébranlée face à leurs enfants, par peur qu’ils ne nous aiment plus ou pas assez. Nous sommes terrifiés à l’idée de ne pas céder à des menaces argumentées de nos chères têtes blondes ou brunes, du type “tout le monde a le droit” de sortir, d’avoir un portable, etc. Il faut céder sur tout et vite, au nom d’une éducation “moderne”. Plus d’autorité issue d’un quelconque code de politesse (c’est pas cool, pire : c’est bourgeois). Mis bout à bout, ce type de renoncements donne une société qui n’accepte plus la contrainte qu’elle qu’en soit le motif, ni le collectif (vous savez le fameux vivre ensemble). De la même façon, les parents agressent les professeurs qui ne trouvent pas que leur rejeton est un génie parce qu’il est nul et insupportable (nouvelle définition du surdoué). En France l’autorité émanant de l’État est immédiatement contestée et violemment…

Et pourtant selon un sondage Ifop : « 4 Français sur 10 sont prêts à un pouvoir autoritaire pour réformer en profondeur ». En fait, on oppose autorité et liberté. Réformer et en profondeur, mais chacun veut une réforme qui lui convienne, librement consentie… et imposée! Le règne du “en même temps”, ce sont les Français qui l’ont inventé et choisi. « Le mur de la contestation » En République comme avec les enfants : oui à l’autorité qui pose des limites et libère les individus de leurs pulsions, non au caractère arbitraire d’un régime politique ou administratif qui tente d’imposer son idéologie toute puissante. L’autorité a disparu en Mai 68 avec comme slogan fondateur : “Il est interdit d’interdire”. La réforme portée par Gerald Darmanin, et voulue par ces mêmes Français qui réclament le respect de l’autorité se heurte immédiatement au mur de la contestation. La police est le symbole absolu de cette équation insoluble; on l’applaudit ou on la hue. On l’exige partout et on la caillasse. Toute dérive qui doit être fortement sanctionnée Certes il est intolérable de voir un policier sortir de ses gonds ou abuser de son pouvoir avec violence mais jamais nous n’éviterons les dérives ou les bavures; dans l’état actuel de notre société, il faudrait que toucher à un policier soit immédiatement passible de prison ferme et immédiate! C’est lorsque la crainte de l’uniforme sera revenue que, justement, les policiers seront moins enclins à des violences avec le sentiment de se protéger ou de défendre des confrères. À cela se mêle le déversoir effroyable de réseaux sociaux qui ont pris le pouvoir sans contre-pouvoir, au nom de la liberté d’expression. La fameuse fausse bienveillance pour les coupables pas responsables, et le rejet de l’autorité contribuent grandement à la dangerosité de l’époque. Quant à l’accusation de régime autoritaire, parlons plutôt de régime contestataire!

Et comme le dit le Président : « Allez voir les dictatures et vous verrez! ». Chef d’entreprise Présidente du mouvement Ethic ■