Portraits

L’accompagnement pour entreprendre, essentiel

Martine Abbou
Ecrit par Martine Abbou

Digi Atlas (école en ligne spécialisée dans le marketing digital) présente la situation de l’entrepreneuriat féminin. Cette infographie interroge sur les obstacles qu’il reste à franchir pour continuer de démocratiser l’entrepreneuriat féminin et apporte son regard sur cette problématique de société

« Pour aider les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat, l‘essentiel se trouve dans l’accompagnement. Tout d’abord, par les proches qui sont les premiers soutiens d’un projet. Mais aussi par des instances, des organisations locales, des entreprises qui croient en elles. De plus en plus de femmes rêvent d’entreprendre ou de se lancer en freelance, afin de créer le métier qui leur ressemble. C’est aussi pour ça que j’ai créé Digi Atlas : pour aider ces femmes entrepreneures, un public trop souvent laissé de côté, à concrétiser leurs projets, les rendre pérennes et les mettre en lumière par la création d’un positionnement différenciant, d’une image de marque propre, et par la maîtrise de leviers digitaux tels qu’un site internet performant, le référencement naturel et payant, la communication sur les réseaux sociaux, etc. ». Hannah Peters, Fondatrice de Digi Atlas

En 2020, quelle est la part de femmes dirigeantes en France ?
Dans l’hexagone, la part d’entreprises individuelles créées par des femmes est de 40%. Si on élargit le spectre à l’ensemble des entreprises, la proportion baisse à 30% selon les dernières données. C’est un chiffre qui n’a pas augmenté depuis 10 ans. C’est encourageant, mais il y a encore du chemin à faire, surtout quand on considère que 82% des femmes de la population active ont déjà envisagé l’entrepreneuriat parmi les choix possibles d’orientation professionnelle contre 86% des hommes. La différence est donc dans l’application de cette idée, parfois de cette envie : on ne pousse que peu les femmes à entreprendre.

Ce qui est vraiment dommage. Les femmes sont pourtant des entrepreneures qui ont à cœoeur de réussir, d’impacter les autres. 60% des femmes voient l’entrepreneuriat comme une forme d’engagement pour changer la société, contre 51% chez les hommes. C’est aussi un moyen de « donner plus de sens à leur vie » pour 35% d’entre elles, contre 21% pour les hommes.

Et quand elles entreprennent, elles le font très bien. Si ce n’est mieux que les hommes. Des statistiques montrent que les entreprises qui ont à leur tête des femmes ont, en moyenne, une rentabilité opérationnelle de 8 % contre 5,7 % chez leurs homologues masculins. C’est parlant comme données. Il faut qu’elles se donnent une chance, et que tout le monde les accompagne. On a tous.tes notre part de travail, à différentes échelles bien sûr.

Prenons l’exemple des territoires. Ils jouent un rôle important dans la création d’entreprise par des femmes. Il n’y a qu’à jeter un œil aux régions Nord et Ouest, où les femmes dirigeantes d’entreprises artisanales sont le plus présentes avec des taux de femmes dirigeantes frôlant les 30%. Il y a également la Nouvelle-Aquitaine qui sort du lot côté professions libérales. Ce sont des variations qui s’expliquent par un dynamisme local de réseaux féminins d’entrepreneuriat particulièrement présent et la mobilisation des collectivités territoriales et services de l’État. Pas de hasard dans tout cela, juste de l’accompagnement.

Un accompagnement qui manque cruellement au niveau des investissements.
Depuis 2008, seulement 2% des fonds levés sont à destination de start-up féminines en France. Et lorsqu’elles parviennent à être financées, ces entreprises reçoivent 2,5 fois moins de fonds que les projets portés par des hommes. C’est alarmant, et ça n’aide pas les entrepreneures à se projeter dans ces milieux techniques qui sont particulièrement déséquilibrés en termes de mixité. Au sein du monde start-up français, il n’y a que 10% de fondatrices, et le chiffre grimpe difficilement à moins de 17% à l’échelle mondiale.

Il y a bien des secteurs où les femmes entreprennent davantage, comme ceux de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale où elles représentent deux tiers des créations d’entreprises. Côté information et communication, elles n’en créent déjà plus que 13%, et pour les créations de startups dans la tech, le chiffre est encore divisé par plus que 2, avec seulement 6%.

Et si on regarde plus précisément les personnes à la tête de grandes entreprises, le constat est encore amer. Parmi le SBF 120, soit les 120 entreprises françaises les plus importantes, juste 11 femmes sont à leur tête en tant que directrices générales ou présidentes de directoire. Côté États-Unis, les femmes ne dirigent que 6 % des 500 entreprises les plus importantes du pays, selon l’association new-yorkaise Catalyst. Il y a encore pas mal de travail à ce niveau !

D’ailleurs, les femmes ont bien compris que l’accès à la tête de l’entreprise est difficile. Parmi les dirigeantes du palmarès Women Equity 2020, plus de la moitié des femmes qui ont un poste dirigeant y sont car elles ont créé elles-mêmes l’entreprise, alors contre 20% qui y ont accédé par nomination et 14% par transmission.

Et dans ce contexte du Covid-19, comment s’en sortent les entrepreneures ?
Au beau milieu de cette pandémie mondiale, 16% des dirigeantes de TPE interrogées par Bouge ta Boîte étaient en risque immédiat de fermeture entre le moment du sondage, juillet 2020, et fin septembre 2020.Elles étaient 47% à estimer pouvoir tenir maximum 6 mois à la vue de leur trésorerie au début de l’été. C’est dur comme chiffres, mais ils se comprennent vite quand on sait que 40% de ces femmes interrogées ont perdu plus de 70% de leur chiffre d’affaires sur la période du premier confinement. De l’importance de l’accompagnement…

Les Premières (incubateur féminin), ont également fait un sondage auprès de leur vivier d’entrepreneures par rapport à cette période inédite et ses conséquences. 22% des créatrices d’entreprises sondées ont dû faire face à un arrêt total de leur activité.
50% ont bénéficié d’aides économiques face au Covid-19, 42% n’étaient pas éligibles, et 8% n’en ont pas eu le besoin.

Mais elles ne se sont pas laisser abattre, loin de là. Elles ont su tirer du bon de ces temps effrayants. Selon le sondage du Lab’Bouge ta boîte, 50% des TPE ont suivi une formation depuis le début de la crise du coronavirus. 50% des TPE ont accru leur présence sur les réseaux sociaux et 30% ont retravaillé leur site internet . Pour mieux préparer la suite, la reprise, les meilleurs jours à venir. Et entreprendre de nouveau.

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À propos de Digi Atlas
L’entreprise Digi Atlas a été fondée en 2018 par Hannah Peters, ancienne freelance qui a voulu venir en aide à ses pairs en créant une école en ligne spécialisée dans le marketing digital. L’objectif ? Apprendre aux indépendant.e.s, entrepreneur.e.s et porteur.euse.s de projets à bâtir une présence en ligne, pas à pas, et apporter des solutions concrètes et adaptées à leur cas d’entreprise. Chaque mois, une nouvelle promotion rassemble 10 apprenant.e.s, aux profils multiples mais aux problématiques communes, à savoir : établir son positionnement, définir sa stratégie digitale en activant des leviers digitaux et terrains performants pour trouver des clients, et ainsi faire grandir et pérenniser son entreprise.
https://digi-atlas.com/

Marie-Laure Laville
ml_laville@yahoo.fr
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